Atelier participatif dans la Communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges – Capitale française de la Biodiversité 2024 © CCB2V
Sept communes et intercommunalités françaises sont récompensées pour leur action en faveur de la biodiversité sous l’angle de la sobriété. Limiter l’artificialisation ou la pollution lumineuse, gérer moins intensivement des espaces verts ou naturels, protéger les rivières et zones humides ou encore favoriser une agriculture bio locale : ce sont les actions des communes d’Aureille, Montbazin, Mouans-Sartoux, Saint-Médard-en-Jalles, Nantes, de la communauté de communes du Pays Fléchois, et enfin de la communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges élue Capitale française de la Biodiversité 2024. Le Comité français de l’UICN, associé depuis de nombreuses années à ce concours national qui distingue les collectivités locales s’engageant de manière remarquable dans la préservation de la biodiversité, salue les démarches réalisées par les territoires récompensés.
La communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges (15 116 hab., Vosges) Capitale française de la Biodiversité 2024
La communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges agit résolument pour la sobriété lumineuse afin de restaurer une trame nocturne favorable au cycle de vie des espèces qui vivent la nuit : amphibiens, chauves-souris, rapaces et papillons de nuit. Le travail poussé de connaissance naturaliste et de modélisation permet d’informer et de mobiliser les communes et acteurs du territoire pour réduire fortement la pollution due à l’éclairage public et privé, par une politique d’extinction ambitieuse.
De nombreux travaux, souvent participatifs, sont menés pour restaurer les milieux naturels indispensables à ces espèces nocturnes : création de mares et de crapaudromes pour les amphibiens, identification et préservation des gîtes dans le bâti pour les chiroptères et les oiseaux, travail avec les agriculteurs pour la restauration des réseaux de haies et le maintien des prairies, renforcement de la ripisylve… Ces actions s’accompagnent d’une politique d’éducation à la nature originale avec la création d’escape games sur les tourbières ou la Mulette perlière, de jeux de types « carte aux trésors » à vélo, de stages sport-nature pour les adolescents, ou encore de kermesses sur la biodiversité dans les établissements pour personnes âgées et dépendantes avec les résidents et leurs familles.
Aureille (1 541 hab., Bouches-du-Rhône)
Meilleure commune pour la Biodiversité 2024 (catégorie – de 2 000 habitants)
Pour prévenir les feux de forêt tout en maintenant des milieux ouverts indispensables pour de nombreuses espèces végétales et animales patrimoniales, la commune d’Aureille bénéficie d’un ambitieux plan de gestion qui couvre la majeure partie de son territoire. C’est le Parc naturel régional des Alpilles dont elle est membre qui en assure le pilotage avec ses partenaires techniques (CERPAM, CRPF).
Un ensemble de mesures sobres et peu coûteuses (broyage mécanique, pâturage extensif, semis pour régénérer certains espaces) garantit le bon équilibre entre préservation de la biodiversité, maintien des usages comme la chasse et l’exploitation forestière, et la lutte contre les incendies qui est une préoccupation majeure dans les garrigues et forêts méditerranéennes.
Montbazin (2 928 hab., Hérault)
Meilleure commune pour la Biodiversité 2024 (catégorie – de 20 000 habitants)
Depuis 2020, la commune a décidé d’un gel de l’ensemble des opérations d’urbanisme programmées jusqu’alors, afin de se donner le temps de connaître précisément la biodiversité locale grâce à un atlas de la biodiversité communale avec le CPIE du bassin de Thau. Les garrigues et pelouses sèches méditerranéennes sont apparues comme les milieux à protéger et restaurer en priorité, d’une part face à la menace de l’artificialisation par l’urbanisation et la cabanisation, d’autre part du fait de la fermeture des milieux par manque d’activité pastorale.
Grâce au soutien financier de l’ensemble des partenaires institutionnels, elle a défini sa trame verte et bleue mais aussi sa trame noire, réalisé un diagnostic agroécologique du territoire et lancé une étude en vue d’atteindre le Zéro artificialisation nette dans son futur Plan local d’urbanisme, dont le pilotage du groupement a été confié à un écologue. Elle mène enfin une politique d’acquisition foncière conjointe avec le Conservatoire d’espaces naturels d’Occitanie.
Saint-Médard-en-Jalles (30 547 hab., Gironde)
Meilleure commune pour la Biodiversité 2024 (catégorie – de 100 000 habitants)
Dans un contexte de forte pression foncière de l’agglomération bordelaise, la commune a coconstruit avec le Département de la Gironde et l’ensemble des parties prenantes une zone de préemption des Espaces naturels sensibles qui couvre désormais près du tiers du territoire et permet protection et acquisitions foncières de milieux naturels à enjeux, dont certains étaient jusque-là destinés à l’urbanisation. C’est donc bien une politique de sobriété foncière, éclairée par une connaissance naturaliste précise, nourrie par des écologues en interne et des partenaires associatifs et institutionnels. Elle permet de plus l’ouverture au public de nouveaux espaces verts de proximité, comme les sites Dupérier ou Bourdieu.
Nantes (323 204 hab., Loire-Atlantique)
Meilleure commune pour la Biodiversité 2024 (catégorie + de 100 000 habitants)
Comme la plupart des grandes villes françaises, Nantes doit conjuguer la création de logements, de services et d’activités pour éviter l’étalement urbain dans les campagnes avec le maintien et la création d’espaces verts nécessaire au bien-être des citadins. Son plan « Pleine terre » entend y contribuer en désimperméabilisant et renaturant 14 ha de surfaces bitumées ou bétonnées d’ici 2026.
Héritière d’une riche tradition botanique et horticole, la ville crée des « Oasis de biodiversité » au sein de ses espaces verts à toutes les échelles, pour accueillir la flore, la fonge et la faune sauvage. La forme de ces aménagements varie en fonction de chaque site et de son contexte, avec l’appui d’une équipe d’écologues et de naturalistes en interne et de leurs partenaires spécialisés : zones en libre évolution, pâturage, restauration de ripisylve, végétalisation d’espaces minéraux, radeaux végétalisées low-tech sur canal, pré-verger… En complément de la programmation de 50 oasis à créer d’ici la fin du mandat, les 25 équipes de jardiniers sont engagées dans la réalisation d’au moins une action « Coup de pousse » chaque mois, grâce à un guide qui décrit un large panel de solutions simples que chacune d’entre elles peut mettre en œuvre pour favoriser la biodiversité.
La communauté de communes du Pays Fléchois (26 917 hab., Sarthe)
Meilleure intercommunalité pour la Biodiversité 2024
Le Pays Fléchois alloue des moyens importants à la biodiversité, avec un service Patrimoine naturel de 7 agents et des partenariats forts et de longue date par exemple avec le CPIE Vallées de la Sarthe et du Loir et le Conservatoire d’espaces naturels des Pays-de-la-Loire. Gestionnaire de la réserve naturelle régionale du Marais de Cré, la collectivité met en place un large panel des bonnes pratiques d’entretien sobre des zones humides par le pastoralisme et le réemploi sur place de tous les matériaux issus des opérations d’entretien.
Elle assure aussi auprès d’un public varié comprenant les personnes à mobilité réduite la valorisation et la découverte de ces milieux indispensables pour la faune et la flore mais aussi très importants pour le cycle de l’eau.
Mouans-Sartoux (10 531 hab., Alpes-Maritimes)
Mention spéciale « Alimentation & Biodiversité »
Depuis plus de 15 ans, la commune anime un projet politique structurant autour de l’alimentation bio locale, au travers de deux outils originaux, performants et complémentaires. La régie agricole municipale fournit les légumes pour la restauration collective et la Maison de l’Education à l’alimentation durable forme tous les publics à une alimentation saine, à faible empreinte écologique, et en lien avec la protection des terres agricoles et de la flore et de la faune sauvage. Un projet qui percole dans toute la commune, avec de nombreux jardins partagés ou familiaux, et qui inspire et essaime en France et en Europe.
Cinq ateliers de témoignages et de partage d’expériences des lauréats et participants de cette édition 2024 du concours Capitale française de la Biodiversité seront proposés dans le cadre du 4e colloque national des Atlas de la biodiversité communale qui se déroulera du 5 au 7 novembre à Strasbourg.
L’édition 2025 du concours Capitale française de la Biodiversité ouvrira cet automne : communes et intercommunalités françaises seront invitées à candidater jusqu’au 28 février 2025 sur www.capitale-biodiversite.fr afin de faire connaitre et valoriser leurs réussites autour du thème « Culture(s) & Biodiversité ».
Le concours Capitale française de la Biodiversité est organisé par l’Office français de la biodiversité, Plante & Cité, centre technique national sur les espaces verts et la nature en ville, et les Agences régionales et collectifs régionaux pour la Biodiversité coordonnées par l’Agence régionale de la Biodiversité en Île-de-France, avec la participation du Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema). Il est soutenu par le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires. Enfin, il s’appuie sur de nombreux autres partenaires, réunis au sein de son Comité scientifique et technique en charge de l’évaluation des candidatures. Voir les partenaires
La communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges est la 13e Capitale française de la Biodiversité. Elle succède à la Métropole Rouen Normandie (2023), la Communauté de commune de la Vallée de la Bruche (2022), La Roche-sur-Yon (2021), la Métropole de Lyon (2019), Besançon (2018), Muttersholtz (2017), Rennes (2016), Strasbourg (2014), Niort (2013), Lille (2012), Montpellier (2011) et Grande-Synthe (2010). En savoir plus sur les lauréats des précédentes éditions !