MUTTERSHOLTZ Espace Synergies parc © Gilles LECUIR
La 14ᵉ édition du concours « Capitale française de la Biodiversité » a permis à une soixantaine de communes et intercommunalités françaises de partager leurs réussites autour d’un thème volontairement large, « Culture(s) & Biodiversité » : arts, culture scientifique et naturaliste, patrimoine, traditions, histoire, et même agriculture ou horticulture. Leurs initiatives composent un recueil inspirant de plus d’une centaine d’actions exemplaires. Parmi elles, huit territoires se sont distingués par l’excellence de leur engagement : la commune de Muttersholtz (Bas-Rhin), élue Capitale française de la Biodiversité 2025, ainsi que Mesnières-en-Bray, Angoulême, Tours, la communauté de communes Côte d’Émeraude, la communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges, Agglopolys Blois et Cap Atlantique La Baule-Guérande. Le Comité français de l’UICN, partenaire de longue date de ce concours national, salue l’engagement exemplaire de ces territoires en faveur de la biodiversité.
Muttersholtz (Grand Est) a été réélue Capitale française de la Biodiversité 2025, huit ans après son premier titre obtenu en 2017 sur le thème « Aménager, rénover et bâtir en favorisant la biodiversité », confirmant son rôle de porte-étendard de ces territoires champions de la nature. Muttersholtz affirme son engagement à la croisée de la culture, de la biodiversité et de la citoyenneté avec la création d’une Maison de l’Écologie Culturelle, intégrée dans un projet global de réaménagement du cœur du village : parc, liaisons douces et programmation artistique participative (résidences, expositions, spectacles).
Sur le long terme, la commune restaure un corridor écologique majeur en milieu agricole, via la création de mares, haies, bandes enherbées, et même obligations réelles environnementales avec des propriétaires privés. Ce projet est mené en partenariat avec agriculteurs, associations naturalistes, Maison de la Nature et soutien des institutions régionales. À travers son jumelage avec une commune guyanaise, Muttersholtz met aussi en lumière le lien entre biodiversité et cultures autochtones amazoniennes, tout en valorisant localement ces dimensions dans les pratiques artistiques, pédagogiques et naturalistes. Pour en savoir plus
Trois « Meilleures communes pour la Biodiversité 2025 »
Mesnières en Bray (Normandie, catégorie des communes de moins de 2 000 hab.) développe une approche originale du lien entre culture et nature, en mobilisant l’art comme vecteur d’éducation et de convivialité. Résidences d’artistes, ateliers de peinture en nature, expositions photographiques en plein air et événements participatifs permettent aux habitants de s’approprier leur patrimoine naturel de manière créative et inclusive. Engagée dans la gestion différenciée des espaces verts depuis 2004, la commune a inscrit la biodiversité dans son plan local d’urbanisme, avec des mesures concrètes : protection des haies bocagères, infiltration des eaux à la parcelle, aménagements paysagers respectueux de l’identité locale, notamment les traditionnelles haies brayonnes.
Elle associe les acteurs du territoire (école, lycée agricole, chasseurs, agriculteurs) à une gestion cohérente et partagée du patrimoine naturel. Le groupement scolaire intercommunal engage les enfants dans des projets concrets de découverte et de préservation de la biodiversité au travers d’une Aire Terrestre Éducative, en lien avec des artistes et le Conservatoire d’espaces naturels de Normandie. Une démarche qui ancre l’apprentissage du vivant dans le quotidien des futurs citoyens.
Angoulême (Nouvelle-Aquitaine, catégorie des communes de moins de 100 000 hab.) : avec le « fil vert et culturel », Angoulême repense son centre ancien en alliant végétalisation, désimperméabilisation et mise en valeur du patrimoine, en s’appuyant sur un plan-guide de végétalisation réalisé avec le CEREMA qui à l’ambition de créer une nature urbaine inspirée des paysages calcaires qui entourent la ville. En parallèle, la municipalité s’attache à valoriser la biodiversité ordinaire en partenariat avec Charente Nature, avec des actions de sensibilisation comme la découverte des plantes sauvages des murs pour inviter les habitants à découvrir la nature présente dans leur quotidien et à porter un nouveau regard sur leur environnement.
La dimension culturelle s’exprime également de manière emblématique à travers l’exposition « Nature de papier », présentée en 2024 au musée du Papier sur l’île de la Charente. L’artiste invitée y a proposé un univers poétique où animaux et paysages reconstitués dialoguent avec le patrimoine local. Accompagnée de films et de dispositifs de médiation, cette exposition a offert au public une expérience sensible, reliant création artistique et sensibilisation à la fragilité du vivant.
Tours (Centre-Val de Loire, catégorie des communes de plus de 100 000 hab.) : déjà reconnue pour la qualité de sa gestion écologique de ses espaces verts, la Ville de Tours accélère sa transition en faveur de la biodiversité urbaine et du lien entre habitants et nature. Adopté en 2020, le plan Nature en ville structure l’ensemble des actions municipales autour d’un objectif clair : rendre la ville plus verte et plus vivante. En plus des nombreuses actions issues du budget communal, Tours anime un dispositif original de mécénat d’entreprise, qui a permis de mobiliser plus de 500 000 euros pour financer des projets concrets : plantations d’arbres et arbustes, désimperméabilisation et gestion intégrée des eaux pluviales.
Tours affirme aussi son rôle de ville scientifique et naturaliste grâce à son Muséum d’Histoire naturelle et son Jardin botanique engagé dans la sauvegarde des espèces locales et du patrimoine génétique régional. Avec le programme Jardins gourmands et solidaires, elle relie jardinage biologique, bonnes pratiques alimentaires et aide concrète aux foyers les plus démunis avec plus de 10 tonnes de légumes produits par les jardiniers municipaux et distribués via des associations locales. Enfin, la ville est signataire du Manifeste de la Loire, et œuvre en faveur des droits du Fleuve, reconnue Citoyenne d’honneur.
Quatre « Meilleures intercommunalités pour la Biodiversité 2025 »
La Communauté de communes Côte d’Émeraude (Bretagne, catégorie des intercommunalités rurales) : lauréate nationale en 2023 d’un trophée national pour le volet « mobilisation » de son Atlas de la Biodiversité Communale, la communauté de communes Côte d’Émeraude déploie depuis un plan d’action mêlant écologie scientifique, art et participation citoyenne. Huit espèces « parapluies » représentées chacune par une œuvre de l’artiste Sybille Besançon, servent à mobiliser les communes tous les six mois au cours d’une rencontre où elles s’échangent les oeuvres pour symboliser leur prise de responsabilité et agissent pour préserver l’espèce concernée, avec un soutien financier et technique de l’intercommunalité.
Les habitants sont mobilisés à travers les « bio défis » mensuels, tandis que l’exposition itinérante La fantastique biodiversité de la Côte d’Émeraude relie art et sensibilisation environnementale. L’office de tourisme intercommunal est aussi formé et mobilisé pour proposer activités et informations aux estivants en lien avec le patrimoine naturel local.
La Communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges (Grand Est, catégorie des intercommunalités rurales) : élue en 2024 Capitale française de la biodiversité sur le thème « Sobriété & Biodiversité », la communauté de communes de Bruyères Vallons des Vosges est à nouveau récompensée cette année sur le thème « Culture & Biodiversité » . Innovante, la collectivité expérimente une évaluation sensible du territoire, alliant résidences d’artistes et accompagnement sociologique pour intégrer les émotions et perceptions des habitants dans ses politiques publiques.
Elle multiplie les actions ludiques – de l’École des sports nature aux escape games et cartes au trésor – pour sensibiliser tous les publics, même peu intéressés par le sujet de la biodiversité, des adolescents jusqu’aux seniors.
Agglopolys agglomération de Blois (Centre-Val de Loire, catégorie des intercommunalités urbaines), la communauté d’agglomération de Blois, articule étroitement les enjeux liés à la biodiversité, au climat et à la culture du risque. Forte d’un Atlas de la Biodiversité Communale couvrant 43 communes, la collectivité s’appuie sur un réseau d’associations naturalistes et sur la formation de ses 1 600 agents pour faire émerger une véritable culture du vivant à tous les niveaux de l’action publique. Agglopolys mène également des projets exemplaires de renaturation, comme la reconversion du secteur de La Bouillie, ancien déversoir de crue de la Loire : 52 hectares déconstruits et rendus à la nature et aux activités de loisirs ou d’agriculture.
Avec l’Observatoire Loire et le projet culturel REGARD, la collectivité fait du fleuve un lieu d’expérimentation artistique, éducative et citoyenne, reliant patrimoine, écologie et créativité. Le programme Pasto’Loire animé par le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire, complète cette action en conjugant élevage local et gestion écologique.
CapAtlantique La Baule-Guérande Agglo (Pays-de-la Loire et Bretagne, catégorie des intercommunalités urbaines) s’appuie sur plus de vingt ans d’expertise naturaliste et de partenariats solides, autour notamment de la gestion de sites Natura 2000. Avec son Atlas de la Biodiversité Communale mené en partenariat avec le Parc naturel régional de Brière, l’agglomération fonde sa stratégie Biodiversité, adoptée à l’unanimité du conseil communautaire en 2025, sur une connaissance fine des milieux et sur une gestion écologique concertée avec les différentes parties prenantes.
Son engagement en faveur des milieux productifs est exemplaire : avec le programme européen Life Salina elle a concilié activité salicole et préservation des oiseaux migrateurs, tandis que des diagnostics agro-environnementaux accompagnent les agriculteurs volontaires pour la mise en place d’aménagements en faveur de la faune et de la flore. Sa charte forestière et son programme de restauration de 300 mares favorise la préservation et le retour d’espèces patrimoniales, sur le domaine public comme privé. Enfin l’agglomération forme son office du tourisme intercommunal aux questions de biodiversité et de fréquentation des espaces naturels.
Une édition 2026 sur le thème de la restauration de la nature.
L’édition 2026 du concours Capitale française de la Biodiversité ouvrira cet hiver : communes et intercommunalités françaises seront invitées à candidater jusqu’au 27 février 2026 sur www.capitale-biodiversite.fr afin de faire connaitre et valoriser leurs réussites et leurs fiertés autour du thème « Restauration de la nature ».
Le concours Capitale française de la Biodiversité est organisé par le ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature et le ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation, l’Office français de la biodiversité, le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cerema), Plante & Cité, centre technique national sur les espaces verts et la nature en ville, et les Agences régionales et collectifs régionaux pour la Biodiversité coordonnées par l’Agence régionale de la Biodiversité en Île-de-France. Enfin, il s’appuie sur de nombreux autres partenaires, réunis au sein de son Comité scientifique et technique en charge de l’évaluation des candidatures. Voir les partenaires
Muttersholtz est la 14e Capitale française de la Biodiversité. Elle succède à la communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges (2024), la Métropole Rouen Normandie (2023), la Communauté de commune de la Vallée de la Bruche (2022), La Roche-sur-Yon (2021), la Métropole de Lyon (2019), Besançon (2018), Muttersholtz (elle-même donc, en 2017), Rennes (2016), Strasbourg (2014), Niort (2013), Lille (2012), Montpellier (2011) et Grande-Synthe (2010).